coin

I.

COIN. s. m. Angle, l'endroit où se fait la rencontre, l'aboutissement de deux costez de quelque chose. Un petit coin. le coin de la cheminée. le coin de la chambre. le coin d'un bois, d'un champ, d'un blé. le coin du feu. le coin du jardin. le coin de la ruë. un coin de ruë. le coin de l'oeil. les coins d'un bas de soye, d'estame, &c. ce livre avoit des fermoirs & coins d'argent. il faut serrer cela dans un coin. il s'est caché en un coin. les quatre coins de la France. les quatre coins de la ville. les quatre coins de la terre, du monde, C'est à dire, Les extremitez les plus esloignées entre elles.

On dit, Les quatre coins & le milieu de quelque espace ou pays, pour dire, Tout cet espace, tout ce pays. Il luy a fait courir les quatre coins & le milieu du Royaume. je l'ay cherché dans tous les quatre coins & le milieu du bois.

On dit d'Un homme, qu'Il est mort au coin d'un blé, pour dire, qu'Il est mort au milieu d'une campagne sans secours & sans assistance.

On dit prov. qu'Un homme ne bouge du coin du feu, du coin de son feu, pour dire, qu'Il est casanier.

On dit aussi à un homme qui dit quelque chose de mesprisant ou d'offensant d'un autre. Allez luy dire cela au coin de son feu, ou allez luy dire cela & vous chauffez au coin de son feu, pour dire, qu'On ne seroit pas le bien venu de luy aller tenir ce langage-là en un lieu où il seroit le maistre.

On dit prov. d'Un gueux qui a la mine d'un voleur, qu'Il a la mine de demander l'aumosne au coin d'un bois.

Tenir son coin, au jeu de paume, Se dit de deux personnes qui joüant d'un mesme costé tiennent chacun

la moitié du jeu, sans entreprendre l'un sur l'autre.

On dit aussi figurément d'Une personne, qu'Elle tient bien son coin dans une affaire, dans une compagnie, pour dire, qu'Elle fait son devoir aussi bien qu'une autre.

On dit d'un homme, qu'Il regarde du coin de l'oeil, Quand il jette l'oeil de costé pour descouvrir quelque chose à la desrobée, & sans faire semblant de la voir.

On dit aussi, Faire signe du coin de l'oeil.

Coin, Se prend quelquefois pour une petite partie ou portion d'un logis. Donnez-moy quelque coin où je me puisse accommoder. il est logé dans un petit coin.

Coin, signifie, Un endroit qui n'est pas exposé à la veüe. Jettez cela dans un coin. il s'en alla chercher dans un coin. on a cherché par tous les coins du logis.

Coin, signifie aussi, Une tresse de faux cheveux dont on se sert pour garnir les costez de la teste lors qu'on a les cheveux trop clairs ou trop courts; En ce sens il ne se dit qu'au pluriel. Il porte des coins.

II.

COIN. s. m. Piece quarrée de fer ou de bois aboutissant en angle, fort aigu & propre à fendre du bois, des pierres. Gros coin. petit coin. coins de fer. coins de bois. mettre, piquer, planter le coin. faire entrer le coin, les coins. ce coin est engagé, il le faut degager avec un plus gros.

On appelle en artillerie, Coin de mire, Un coin de bois qu'on met sous la culasse du canon pour le pointer.

On dit prov. Faire coin de mesme bois, pour dire, Se servir & aider d'une partie de la chose pour l'achever.

Coin, signifie aussi, Certain morceau de fer trempé, gravé pour marquer de la monnoye, des medailles, de la vaisselle. Le coin du Roy. le coin d'Espagne. faux coin. cette monnoye est à un tel coin. marquée au coin. frappée au coin de &c. vaisselle au coin de Paris &c.

On dit fig. qu'Un homme est marqué au bon coin, Quand il est bien honneste homme, ou qu'il est du parti que l'on croit le meilleur.

On dit au sens contraire, quand il est de quelque parti ou de quelque opinion que l'on improuve, qu'Il est frappé à ce coin là. estes-vous frappé à ce coin là?

III.

COIN. s. m. Gros fruit à pepin, qui a l'odeur forte & la peau couverte d'un certain petit duvet. Gros coin. coin bien jaune. confiture de coins. paste de coins. sirop de coins. gelée de coins. pomme de coin.

On dit prov. d'Une personne qui a le teint jaune, qu'Elle est jaune comme un coin.

Dictionnaire de l'Académie française . 1964.